par James Parkyn
Investir dans les titres à dividendes semble être plus populaire au Canada qu’aux États-Unis et que dans d’autres pays, bien que ce soit difficile de le prouver. Certes, la couverture médiatique, les sites Web et les fonds communs de placement consacrés aux stratégies d’investissement axées sur les dividendes ne manquent pas.
La popularité des approches axées sur les dividendes peut refléter, au moins en partie, le traitement fiscal spécial que reçoivent les dividendes canadiens ou une préférence nationale en faveur des actions des banques, des entreprises de télécommunications, des services publics et d’autres payeurs de dividendes de premier ordre.
Quelle qu’en soit la raison, la fascination de nombreux investisseurs canadiens pour les dividendes trahit une incompréhension du fonctionnement des rendements des actions et expose les portefeuilles à un risque plus élevé.
Les rendements des actions sont composés de gains en capital (augmentations de prix) et de dividendes. Comme l’explique cet excellent article de notre collègue de PWL, Dan Bortolotti, les dividendes et l’appréciation des prix sont les deux faces d’une même médaille.
Si une entreprise paie 1 $ par action en dividendes en espèces sur les bénéfices, ses actions perdent en théorie de 1 $ par action. Comme l’explique Dan : « Cette baisse de prix ne sera pas d’un cent pour un cent, le prix peut même parfois être emporté par les fluctuations normales des marchés. Mais il y a toujours un compromis. Après tout, lorsqu’une entreprise verse, par exemple, 10 millions de dollars de dividendes, elle doit valoir 10 millions de dollars de moins. »
Par conséquent, cela ne devrait pas faire une différence que vos rendements proviennent de dividendes ou d’une appréciation du capital (sans tenir compte des taxes et des coûts de transaction).
Cependant, la relation directe entre le cours de l’action et les dividendes est clairement un concept difficile à saisir pour de nombreux actionnaires et qui peut conduire à des paris d’investissement risqués. Le premier de ces risques est une perte importante de diversification à laquelle les investisseurs en dividendes sont sujets.
Un focus sur les titres à dividendes exclut un nombre important et croissant d’entreprises qui ne versent pas de dividendes, malgré des bénéfices élevés. Un exemple frappant est Berkshire Hathaway de Warren Buffett, qui n’a jamais versé de dividende sous sa direction. En fait, près de la moitié de toutes les sociétés américaines cotées en bourse n’ont versé aucun dividende entre 1963 et 2019, selon cet article.
Le problème est aggravé par la concentration sectorielle des actions à rendement élevé versant des dividendes. Cette situation est particulièrement prononcée au Canada, où les fonds de dividendes sont dominés par un nombre relativement restreint d’actions du sectur financier, d’entreprises de télécommunications, de pipelines et du secteur de l’énergie.
Ensuite, il y a le risque que les versements de dividendes soient réduits ou éliminés pendant les récessions. Ce fut le cas à la fois pendant la crise financière de 2008-2009 et pendant la pandémie, lorsqu’une entreprise sur cinq a réduit ses paiements et une sur huit les a complètement éliminés.
Enfin, les investisseurs achètent souvent des actions à dividendes pour le revenu, mais c’est moins efficace sur le plan fiscal que de vendre des actions pour générer des liquidités.
Les premiers mois de 2021 ont été favorables aux investisseurs en dividendes, le marché passant des actions de croissance aux actions de valeur, une catégorie qui comprend de nombreuses entreprises qui versent des dividendes. Le FNB iShares Canadian Select Dividend ETF, le plus grand fonds du genre au Canada, a généré un rendement de 12,99% au premier trimestre, surpassant facilement le rendement de 8,11% du FNB iShares Core S&P/TSX Capped Composite Index ETF.
C’était une histoire très différente l’année dernière. Les promoteurs des titres à dividendes affirment souvent que ces actions résistent mieux aux ralentissements, mais ce n’était certainement pas le cas pendant le krach et la reprise causée par la pandémie. Les FNB axés sur les actions canadiennes à dividendes ont été déclassés en 2020 par les FNB qui répliquent l’indice composé S & P / TSX. Le FNB de dividendes iShares a généré un rendement de -0,51 par rapport à +5,61 pour le FNB indiciel composé S & P / TSX.
Il est clair que la meilleure façon de créer de la richesse à long terme est de diversifier son portefeuille aussi largement que possible au sein des classes d’actifs et des zones géographiques. L’investissement en dividendes échoue non seulement le test de la diversification, mais vous expose également au risque de ne pas générer le revenu sur lequel vous comptez.
Certes, les dividendes sont une partie importante des rendements globaux des marchés boursiers. Cependant, comme on le dit souvent, trop c’est comme pas assez!