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Au-delà des manchettes des journaux : la patience est la clé de la création de richesse

par James Parkyn

Au printemps 2008, le New York Times a publié un article qui citait un « oracle du pétrole » qui prédisait un baril de brut à 200 dollars.

L’oracle en question était Arjun Murti, analyste chez Goldman Sachs, qui prévoyait un « super pic » des prix du pétrole, poursuivant une course qui l’avait porté à 130 dollars le baril au moment de la parution de l’article en mai 2008. (Tous les chiffres sont en dollars américains.)

« Le sombre calcul de la prédiction de M. Murti suffit à faire frémir : dans une Amérique où le baril de pétrole se transige à 200 dollars, l’essence pourrait coûter plus de 6 dollars le gallon à la pompe », indiquait l’article.

Murti était loin d’être le seul à prévoir une nouvelle flambée des prix du pétrole. Au Canada, l’ancien économiste en chef de Marchés mondiaux CIBC, Jeff Rubin, a également prédit un baril de pétrole à 200 dollars et a même écrit un livre décrivant toutes les implications pour l’économie.

Malheureusement pour ces analystes, les astres étaient déjà alignés pour l’effondrement des prix du pétrole. La crise financière de 2008-09 et la récession qui l’accompagna ont fait chuter les prix sous les 40 dollars le baril. Il a fallu peu de temps avant que les prix ne remontent et que les promoteurs de la hausse ne reviennent, seulement pour être à nouveau déçus lorsque la fracturation hydraulique a contribué à inonder le marché en faisant chuter les cours de nouveau.

C’est une véritable montagne russe. Maintenant, pensez à ce qui serait arrivé à votre portefeuille d’investissement si vous aviez pris ces manchettes au sérieux en faisant le plein(!) d’actions de producteurs d’énergie et d’autres sociétés qui bénéficient des prix élevés du pétrole.

Chaque jour, vous pouvez trouver des prévisions d’analystes boursiers, d’investisseurs professionnels et d’économistes sur ce qui va se passer sur les marchés.

Ces prévisions sont souvent argumentées de manière convaincante, pointant vers des « fondamentaux », l’historique du marché et diverses données. Et ils ont souvent tort.

En fait, la preuve est faite que les experts ne sont pas meilleurs que vous et moi pour prévoir l’avenir. Leurs prédictions se sont avérées très peu fiables, comme le montre un autre article du Times. Il rend compte des recherches sur les prévisions faites par les stratèges de Wall Street entre 2000 et fin 2019.

« L’écart entre la prévision médiane et le rendement du marché était de 4,31 points de pourcentage, une erreur de près de 45% », indique l’article. « La prévision médiane était que les actions augmenteraient chaque année au cours des 20 dernières années, mais elles ont chuté durant six années. Le consensus était erroné sur l’orientation de base du marché 30% du temps. »

En fait, les prévisions de marché sont pires qu’inutiles car elles génèrent du bruit médiatique qui peut dérailler votre plan d’investissement.

Pour mieux comprendre le danger pour votre santé financière, il suffit de repenser aux manchettes à l’époque où le marché chutait en février et mars en réponse à la pandémie. Par exemple, un titre du Globe and Mail du 12 mars prévient qu’un marché baissier important ne fait que commencer.

Nous savons avec le recul que le marché atteindrait son creux 11 jours plus tard. Ce jour-là, un impressionnant rallye a commencé et on a vu les actions augmenter de 38% au Canada et de 40% aux États-Unis jusqu’à la fin juin. À la fin du mois d’août, les portefeuilles de clients que nous gérons étaient revenus à un niveau proche de leur valeur d’ouverture au début de l’année. Si les manchettes négatives vous avaient fait sortir du marché en mars, vous auriez manqué ce rallye.

Bien entendu, nous pourrions nous diriger vers un autre ralentissement du marché s’il y a une seconde vague grave à cette pandémie ou un autre événement négatif dans les semaines à venir. Et c’est le point – nous ne savons tout simplement pas ce qui va se passer et personne d’autre non plus.

Cependant, nous savons que 1 000 dollars investis sur les marchés boursiers mondiaux en 1985 se seraient transformés en 28 000 dollars d’ici la fin de 2019. C’est pourquoi il est si important d’écarter le bruit quotidien et de se concentrer sur les rendements à long terme.


Ce n’est peut-être pas excitant, mais la seule nouvelle qui compte en matière d’investissement est que détenir patiemment un portefeuille largement diversifié qui reflète votre tolérance au risque dans les bons et les mauvais moments est la meilleure façon de créer de la richesse.