Pourquoi s’inquiéter d’une autre bulle spéculative?

par James Parkyn

Cela fait presque un an que l’Organisation mondiale de la santé a déclaré une pandémie mondiale en réponse à la propagation de la COVID-19. Comme nous en avons discuté dans notre revue de la performance de 2020, personne n’aurait pu prédire les événements extraordinaires de l’année qui vient de s’écoulée ou la réaction des marchés.

Lorsque la gravité de la crise pandémique est devenue claire, le krach boursier qui s’en est suivi en février et mars 2020 a été le pire depuis 1929. Les marchés sont se ensuite repris à une vitesse extraordinaire et ont terminé l’année à des sommets sans précédent.

Ce fut une année mémorable et pas comme les autres qui nous a rappelé de façon remarquable l’importance de la discipline et d’une saine allocation d’actifs. Nous avons aussi été exposé de nouveau au danger d’essayer de prédire les mouvements des marchés en quittant et en revenant dans l’espoir de réduire les pertes et de maximiser les gains.

C’est ce qu’on appelle le « market timing » et les études ont démontré que c’est l’une des pires erreurs que l’on puisse faire en tant qu’investisseur. La firme de recherche Dalbar a par exemple constaté que les mauvaises décisions ont amené l’investisseur moyen des fonds d’actions américaines à obtenir des rendements annuels inférieurs de 4,7 points de pourcentage à ceux de l’indice S&P 500 au cours des 20 années jusqu’à la fin de 2015.

Les gens qui essaient de prédire les marchés sont souvent motivés par la peur des pertes ou le désir de faire de gros profits, mais comme nous l’avons vu de façon dramatique l’an dernier, il est impossible de prévoir où vont les marchés.

Le danger devient plus clair lorsque nous approfondissons un peu plus les tendances récentes. Les actions de croissance en général – celles des grandes sociétés technologiques en particulier – ont produit de loin les meilleurs résultats en 2020. Aux États-Unis, les actions de croissance à grande et moyenne capitalisation ont enregistré un rendement de 36% contre seulement 1% pour les actions de valeur – la plus grande divergence jamais enregistrée.

La flambée des prix a capté l’imagination de nombreux investisseurs qui ont acheté des titres technologiques et d’autres investissements populaires, comme les actions de Tesla ou la crypto-monnaie Bitcoin. Pendant ce temps, d’autres se débarrassent de leurs actions parce qu’ils craignent qu’une bulle spéculative ne se soit gonflée comme celle observée à l’ère des dot.com de la fin des années 1990.

Qui a raison? Un investisseur rationnel n’a pas à choisir l’une ou l’autre approche. L’antidote au stress des conditions actuelles du marché est un portefeuille largement diversifié entre les classes d’actifs et les zones géographiques et une perspective à long terme.

Nous ne déterminons pas si les actions de croissance américaines sont dans une bulle, mais nous observons que les actions de valeur et les marchés dans d’autres parties du monde se négocient actuellement à des valorisations bien inférieures. La beauté de la diversification réside dans le fait que lorsqu’un marché est en baisse, d’autres se comportent relativement mieux.

L’année dernière a été un vrai test pour la gestion de nos émotions

par James Parkyn

Dans les rétrospectives de fin d’année parues au cours des dernières semaines, on nous a rappelé à quel point l’année 2020 a été extraordinaire sur tant de fronts.

De la pandémie de la COVID au mouvement Black Lives Matter en passant par les élections américaines tendues et de nombreux autres événements mémorables, ce fut une année qui a défié notre résilience émotionnelle comme aucune autre dans l’histoire récente.

Elle ne fut pas différente sur les marchés. Le krach boursier de mars a cédé la place à une reprise rapide comme l’éclair. Pour les investisseurs, 2020 a été un véritable test en temps réel de notre tolérance au risque et de notre capacité à contrôler nos émotions face à une volatilité exceptionnelle.

Pour tirer les leçons d’investissements de 2020, il est instructif de repenser à ce que nous avons ressenti à différents moments de l’année. La chute initiale du marché a naturellement provoqué la peur chez beaucoup, en particulier parce qu’elle est survenue à un moment de grande incertitude dans d’autres domaines de notre vie, alors que nous traversions une crise de santé publique et économique.

Lorsque les marchés se sont redressés, de nombreux investisseurs étaient encore en train de panser leurs plaies et craignaient que la reprise ne puisse être soutenue. Comme on a pu le constater, l’intervention massive des gouvernements et des banques centrales soutenant l’économie et les marchés, ont permis aux investisseurs de devenir de plus en plus confiants dans la durabilité de la reprise.

Les gains remarquables du marché depuis mars se sont à nouveau concentrés dans le secteur de la technologie où l’enthousiasme a été alimenté par les effets économiques de la pandémie, notamment le travail à distance et les achats en ligne. Et puis il y a Tesla – un phénomène en soi.

Lorsque la peur s’estompe, les regrets prennent souvent le dessus. Combien d’argent auriez-vous pu gagner en pariant sur quelques grands noms de la technologie plutôt qu’en diversifiant largement vos investissements?

Qu’en est-il de la force du marché boursier américain par rapport aux marchés développés et émergents ailleurs dans le monde? Ne serait-il pas plus logique de se concentrer sur le marché américain.

Cependant, si 2020 nous a appris quelque chose, c’est à quel point les marchés peuvent être imprévisibles. Nos portefeuilles doivent être conçus à la fois pour résister aux évènements inattendus et profiter au maximum des contextes plus favorables.

L’auteur Larry Swedroe l’a observé dans sa critique du livre, The Psychology of Money de Morgan Housel, ce ne sont pas des eaux faciles à naviguer : « Des événements imprévus et la chance peuvent conduire à de bonnes décisions donnant de mauvais résultats et de mauvaises décisions donnant de bons résultats », écrit Swedroe. « Le succès est un mauvais enseignant car il peut nous inciter à penser que nous ne pouvons pas perdre. Ainsi, nous ne devons pas devenir trop confiants en notre jugement lorsque les choses se passent bien. De même, l’échec est un mauvais enseignant car il peut inciter les gens intelligents à penser que leurs décisions étaient mauvaises, alors que l’échec n’était que la réalité impitoyable du risque. »

Il n’est pas facile pour les personnes brillantes et prospères d’accepter leur incapacité à déjouer les marchés. Cependant, s’en tenir à un portefeuille bien conçu à travers les bons et les mauvais moments est la marque de l’investissement intelligent.

Aider les clients à gérer leurs émotions est une partie importante de ce que nous faisons ici chez PWL Capital. Nous croyons que notre rôle de conseillers est d’aider les gens à prendre de bonnes décisions, et non d’être des facilitateurs qui approuvent des changements risqués motivés par des émotions passagères.

L’année à venir réserve sans aucun doute plus de surprises, mais il y a beaucoup d’espoir avec le déploiement de vaccins dans le monde. Nous serons là pour garder vos investissements et vos finances personnelles sur la bonne voie, et toute l’équipe PWL vous souhaite une année 2021 heureuse, saine et prospère.

L’étude des performances passées ne vous mènera pas là où vous voulez aller

par James Parkyn

Les investisseurs ont vécu une année de montagnes russes en 2020. Une profonde chute du marché boursier au printemps dernier a été suivie d’un puissant rallye qui a propulsé le S&P 500 vers de nouveaux sommets et le S & P / TSX Composite qui flirt avec un nouveau record.

Imaginons Robert, un épargnant qui planifie sa retraite et qui est resté en marge de toutes ces turbulences et a finalement décidé de franchir le pas et d’investir une partie de son argent en bourse.

Robert regarde les chaînes d’information financière à la télévision et a entendu divers gestionnaires de fonds communs de placement prédire où les marchés et les actions individuelles se dirigeront dans les mois à venir. Avec tous les conseils et prédictions contradictoires qu’il a entendus, il n’est pas surprenant qu’il ait du mal à décider à quels gestionnaires faire confiance avec son argent.

C’est à ce stade que Robert et son conseiller en placement décident de se pencher sur les performances passées de divers fonds communs de placement afin de trouver les meilleurs à acheter.

Bien sûr, ils connaissent les petits caractères au bas des documents de marketing des fonds communs de placement qui préviennent que « les performances passées ne sont pas un indicateur des résultats futurs », mais comment Robert est-il censé choisir autrement?

Malheureusement pour lui et pour d’innombrables autres investisseurs dans des fonds activement gérés, les petits caractères ne sont pas superflus! Les performances passées des fonds n’offrent en fait guère de précisions sur les rendements futurs.

Les recherches menées par Dimensional Fund Advisors montrent que seulement 21% des fonds d’actions du premier quartile aux États-Unis ont maintenu un classement dans le premier quartile au cours des cinq années suivantes (dans les données de 2009 à 2019). Pour les titres à revenu fixe, le résultat est de 29%.

Même si vous étiez l’un des chanceux à avoir investi dans l’un de ces fonds les plus performants, vous n’auriez eu aucun moyen de le savoir lorsque vous avez effectué votre investissement. Les chances n’étaient définitivement pas de votre côté.

En effet, un pourcentage énorme de gestionnaires de fonds ne génère pas de rendements supérieurs à leur indice de référence. Dans le cas des fonds d’actions américaines gérés activement, 89% ont sous-performé l’indice S&P Composite 1500 sur dix ans jusqu’à la fin de 2019, selon le rapport SPIVA publié par S&P Dow Jones.

Même un gestionnaire de fonds communs de placement capable de battre le marché pendant 10 ans ou plus pourrait bien être tout simplement chanceux.

Bill Miller représente sans doute un des exemples le plus spectaculaires d’un gestionnaire dont la chance a tournée. Gérant le fonds phare de Legg Mason, Miller a battu l’indice S&P 500 pendant 15 années consécutives de 1991 à 2005. Puis, alors que la crise financière et la récession commençaient, Miller a fait des paris désastreux sur les actions du domaine financier qui ont conduit son fonds à perdre les deux tiers de sa valeur à la fin de 2008.

Miller a lui-même attribué sa séquence de victoires à « peut-être 95% de chance ». Un autre ancien stratège en investissement de Legg Mason a estimé que la probabilité de battre le marché dans les 15 années se terminant en 2005 était d’une sur 2,3 millions.

La réalité est que se fier aux performances passées pour choisir ses investissements, c’est comme conduire sa voiture en regardant dans le rétroviseur. Cela ne fonctionne pas (sauf si vous conduisez en marche arrière). Les preuves montrent clairement que les fonds gérés activement ne peuvent pas battre systématiquement le marché et étudier leurs performances passées ne vous donnera que l’illusion qu’ils peuvent.

Pour Robert, la réponse est d’arrêter de se soucier de trouver les meilleurs gestionnaires actifs et plutôt d’utiliser des fonds indiciels gérés passivement pour construire un portefeuille largement diversifié et à faible coût. C’est ainsi que vous devez garder les yeux sur la route à parcourir et vous préparer à tous les virages, bosses ou détours qui pourraient survenir en cours de route.

Comment faire en sorte que votre diversification ne se transforme en concentration

par James Parkyn

Fondamentalement, l’investissement devrait être un processus relativement simple. Cependant, lorsque les émotions, des théories erronées et de mauvais conseils entrent en jeu, les choses peuvent devenir très compliquées.

La bonne façon d’investir est de décider d’une stratégie d’allocation d’actifs qui correspond à vos objectifs et à votre tolérance au risque tout en vous assurant que votre portefeuille est largement diversifié entre les classes d’actifs et les zones géographiques. Ensuite, vous mettez en œuvre la stratégie en sélectionnant des titres à faible coût et en restant investi dans les hauts et les bas des marchés pour récolter les rendements qu’ils offrent.

Bien sûr, il faut de l’expertise pour suivre de manière optimale cette recette, notamment en choisissant les meilleurs titres pour faire le travail; rééquilibrer périodiquement vers votre allocation d’actifs cible; et vous assurer que votre portefeuille est fiscalement efficace.

Néanmoins, le principe directeur doit être la simplicité. Mais de nombreux investisseurs choisissent exactement le contraire: ils choisissent de rendre leurs portefeuilles plus complexes.

Ce n’est pas surprenant. Ils sont bombardés chaque jour d’informations sur l’économie, les affaires internationales et les hauts et les bas du marché. Ils entendent les présentations des conseillers sur la dernière opportunité d’investissement spécialisée et finissent par acheter.

Leurs portefeuilles sont remplis d’une grande variété d’investissements – preuve des différentes modes et théories dont ils ont été la proie au fil du temps. Ils peuvent même croire qu’ils ont diversifié leur portefeuille en ajoutant des fonds étroitement ciblés ou des actions individuelles. En fait, le résultat n’est pas une diversification mais une concentration – ils ont aggravé leur portefeuille en n’optimisant pas leur diversification.

En examinaient les titres sous-jacents des fonds qu’ils possèdent, ils constateraient qu’ils ont augmenté leur risque en le pondérant vers un secteur, une région ou une catégorie d’actifs en particulier, et ont engagé des frais de gestion élevés pour ce faire. Tout ira bien lorsque le marché montera, mais lorsque le vent tournera, leurs rendements peuvent s’échouer sur les rochers.

À titre d’exemple, nous savons qu’il existe un grand nombre de fonds communs de placement et de FNB axés sur le secteur de la technologie. Ils sont populaires ces jours-ci auprès des gens qui espèrent tirer profit du rallye du secteur technologique cette année. Dans mon blogue précédent, j’ai discuté des dangers de développer une fixation sur le marché boursier américain, car il est tiré à la hausse par les actions technologiques, au détriment d’autres classes d’actifs, comme les marchés émergents.

Un autre exemple est la recherche actuelle de rendement à la lumière des taux d’intérêt historiquement bas. Cela conduit certains à prendre plus de risques en concentrant leur portefeuille dans des actions à dividendes ou d’autres titres à rendement plus élevé.

Il existe de nombreux autres paris sectoriels ou tactiques que vous pouvez faire, mais ils partagent tous le même défaut, c’est-à-dire tenter de déjouer le marché en prévoyant les gagnants et les perdants. Nous savons par expérience que cela ne fonctionne pas sur le long terme et que tous ces paris n’aident pas à diversifier votre portefeuille.

D’un autre côté, une diversification mondiale robuste fonctionne. En combinant des titres dont la performance n’est pas bien corrélée, vous diminuez votre risque sans réduire vos rendements attendus.

Il n’est pas facile de rester discipliné lorsque l’économie traverse une période de turbulence prolongée et que les marchés sont volatils. Mais il est bon de savoir que s’en tenir à la simplicité dans vos investissements est votre meilleur choix lorsque tout le reste est devenu si compliqué.

Comment la diversification vous permet de mieux dormir la nuit

par James Parkyn

Il semblait que rien ne pouvait faire obstacle aux actions technologiques américaines. Depuis le printemps, des géants comme Apple, Amazon, Facebook et Tesla ont grimpé toujours plus haut malgré une pandémie qui s’aggrave dans de nombreux états et une profonde récession qui sévit dans l’économie mondiale.

Cela a changé début septembre lorsque, sans avertissement, les poids lourds de la technologie américaine ont heurté un mur. Une vente massive de technologies a entraîné le marché américain dans son ensemble vers le bas, le S&P 500 ayant chuté de 7% en seulement trois jours de négociation.

Personne ne peut dire si les actions américaines continueront de baisser dans les semaines à venir ou si elles se redresseront pour atteindre de nouveaux sommets. Mais en regardant la performance relative des marchés boursiers mondiaux, vous pourriez être tenté de parier fortement sur un rebond du marché américain.

Après tout, les actions américaines ont fait feu de tout bois au cours de la dernière décennie. L’indice S&P 500 a affiché un rendement composé annualisé de 13,6% de 2010 à 2019, contre 5,3% pour les marchés développés hors des États-Unis (indice MSCI World ex USA) et seulement 3,7% pour l’indice MSCI Emerging Markets.

Cependant, il suffit de regarder un peu plus loin dans l’histoire pour comprendre pourquoi il est si important de ne pas se laisser emporter par les rendements récents sur un marché donné.

La dernière fois que le marché américain a atteint des sommets extraordinaires, c’était pendant la bulle technologique de la fin des années 90. Lorsque la bulle a éclaté, il s’est ensuivi une période de 2000 à 2009, connue sous le nom de « décennie perdue » pour les actions américaines. Au cours de ces années, l’indice S&P 500 a enregistré l’une de ses pires performances sur 10 ans avec un rendement composé annualisé de moins 0,95%, selon ce rapport de la firme Dimensional.

En revanche, les marchés émergents au cours de ces années ont produit un rendement annuel composé de 9,8%. Une stratégie de diversification de portefeuille incluant une exposition aux marchés émergents aurait donc amorti vos faibles rendements américains.

Un examen plus approfondi de la performance historique des marchés émergents met encore plus en lumière les avantages potentiels de la diversification de votre portefeuille en dehors des États-Unis et du Canada.

Un autre rapport de Dimensional note qu’une allocation persistante aux marchés émergents de 1988 à 2019 a généré un rendement annualisé de 10,7%. Cela a battu les 5,9% des marchés développés en dehors des États-Unis et était similaire aux 10,8% générés par le S&P 500, y compris les solides rendements de la dernière décennie.

Maintenant, vous auriez dû supporter beaucoup de volatilité sur les marchés émergents pendant cette période, bien plus que sur les marchés développés, soulignant la nécessité de faire preuve de patience, de discipline et d’une allocation d’actifs appropriée, met en garde le rapport Dimensional.

Cependant, le rapport note également que les marchés émergents ne sont pas seulement un segment croissant des marchés mondiaux (12,5% de la capitalisation mondiale à la fin de 2019), mais aussi généralement « sont devenus plus ouverts aux investisseurs étrangers avec moins de contraintes sur la mobilité des capitaux ».

La composition de ces marchés a également évolué. Bien que vous puissiez penser que les marchés émergents sont principalement basés sur les ressources, vous vous trompez dans le cas des économies asiatiques telles que la Chine, Taiwan et la Corée du Sud, où le secteur technologique est en plein essor. En effet, la principale pondération sectorielle de l’indice MSCI Emerging Market est la technologie de l’information à 18,4%.

Les avantages de la diversification géographique sont évidents. Investir sur les marchés mondiaux réduit le risque de votre portefeuille en vous exposant à un ensemble plus large de forces économiques et de marché que celles fournies uniquement par les marchés américains ou canadiens.

En vous assurant que votre portefeuille dispose de la bonne combinaison d’actifs pour offrir une diversification maximale, vous vous donnez les meilleures chances de récolter les rendements que les marchés mondiaux ont à offrir tout en contrôlant le niveau de risque que vous prenez.

Dans la deuxième partie de cette série, j’examinerai les autres formes de diversification et certains de ses dangers.

Au-delà des manchettes des journaux : la patience est la clé de la création de richesse

par James Parkyn

Au printemps 2008, le New York Times a publié un article qui citait un « oracle du pétrole » qui prédisait un baril de brut à 200 dollars.

L’oracle en question était Arjun Murti, analyste chez Goldman Sachs, qui prévoyait un « super pic » des prix du pétrole, poursuivant une course qui l’avait porté à 130 dollars le baril au moment de la parution de l’article en mai 2008. (Tous les chiffres sont en dollars américains.)

« Le sombre calcul de la prédiction de M. Murti suffit à faire frémir : dans une Amérique où le baril de pétrole se transige à 200 dollars, l’essence pourrait coûter plus de 6 dollars le gallon à la pompe », indiquait l’article.

Murti était loin d’être le seul à prévoir une nouvelle flambée des prix du pétrole. Au Canada, l’ancien économiste en chef de Marchés mondiaux CIBC, Jeff Rubin, a également prédit un baril de pétrole à 200 dollars et a même écrit un livre décrivant toutes les implications pour l’économie.

Malheureusement pour ces analystes, les astres étaient déjà alignés pour l’effondrement des prix du pétrole. La crise financière de 2008-09 et la récession qui l’accompagna ont fait chuter les prix sous les 40 dollars le baril. Il a fallu peu de temps avant que les prix ne remontent et que les promoteurs de la hausse ne reviennent, seulement pour être à nouveau déçus lorsque la fracturation hydraulique a contribué à inonder le marché en faisant chuter les cours de nouveau.

C’est une véritable montagne russe. Maintenant, pensez à ce qui serait arrivé à votre portefeuille d’investissement si vous aviez pris ces manchettes au sérieux en faisant le plein(!) d’actions de producteurs d’énergie et d’autres sociétés qui bénéficient des prix élevés du pétrole.

Chaque jour, vous pouvez trouver des prévisions d’analystes boursiers, d’investisseurs professionnels et d’économistes sur ce qui va se passer sur les marchés.

Ces prévisions sont souvent argumentées de manière convaincante, pointant vers des « fondamentaux », l’historique du marché et diverses données. Et ils ont souvent tort.

En fait, la preuve est faite que les experts ne sont pas meilleurs que vous et moi pour prévoir l’avenir. Leurs prédictions se sont avérées très peu fiables, comme le montre un autre article du Times. Il rend compte des recherches sur les prévisions faites par les stratèges de Wall Street entre 2000 et fin 2019.

« L’écart entre la prévision médiane et le rendement du marché était de 4,31 points de pourcentage, une erreur de près de 45% », indique l’article. « La prévision médiane était que les actions augmenteraient chaque année au cours des 20 dernières années, mais elles ont chuté durant six années. Le consensus était erroné sur l’orientation de base du marché 30% du temps. »

En fait, les prévisions de marché sont pires qu’inutiles car elles génèrent du bruit médiatique qui peut dérailler votre plan d’investissement.

Pour mieux comprendre le danger pour votre santé financière, il suffit de repenser aux manchettes à l’époque où le marché chutait en février et mars en réponse à la pandémie. Par exemple, un titre du Globe and Mail du 12 mars prévient qu’un marché baissier important ne fait que commencer.

Nous savons avec le recul que le marché atteindrait son creux 11 jours plus tard. Ce jour-là, un impressionnant rallye a commencé et on a vu les actions augmenter de 38% au Canada et de 40% aux États-Unis jusqu’à la fin juin. À la fin du mois d’août, les portefeuilles de clients que nous gérons étaient revenus à un niveau proche de leur valeur d’ouverture au début de l’année. Si les manchettes négatives vous avaient fait sortir du marché en mars, vous auriez manqué ce rallye.

Bien entendu, nous pourrions nous diriger vers un autre ralentissement du marché s’il y a une seconde vague grave à cette pandémie ou un autre événement négatif dans les semaines à venir. Et c’est le point – nous ne savons tout simplement pas ce qui va se passer et personne d’autre non plus.

Cependant, nous savons que 1 000 dollars investis sur les marchés boursiers mondiaux en 1985 se seraient transformés en 28 000 dollars d’ici la fin de 2019. C’est pourquoi il est si important d’écarter le bruit quotidien et de se concentrer sur les rendements à long terme.


Ce n’est peut-être pas excitant, mais la seule nouvelle qui compte en matière d’investissement est que détenir patiemment un portefeuille largement diversifié qui reflète votre tolérance au risque dans les bons et les mauvais moments est la meilleure façon de créer de la richesse.