Par James Parkyn
La plupart des lecteurs savent que le Canada et le reste du monde ont un problème d’inflation. Vous l’avez sans doute remarqué à l’épicerie, à votre restaurant local ou au Canadian Tire que les prix sont en hausse pour toutes sortes de choses.
Vous savez probablement aussi que les banques centrales luttent contre l’inflation en augmentant les taux d’intérêt pour ralentir l’économie. Récemment, la Banque du Canada a relevé son taux directeur de 0,5 %, la plus forte augmentation en plus de 20 ans. Il y a fort à parier que la Réserve fédérale américaine augmentera son taux lors de sa prochaine réunion en mai. Et les deux banques devraient annoncer plusieurs autres hausses dans les mois à venir.
Ce dont vous êtes peut-être moins au fait, c’est l’effet extraordinaire que la hausse des taux d’intérêt a sur le marché obligataire. Ces hausses ont créé un marché baissier comme nous n’en avons jamais vu depuis le milieu des années 1990.
Vous pouvez être pardonné si vous ne suivez pas les rebondissements du marché obligataire. Il est généralement assez effacé par rapport à son cousin flamboyant, le marché boursier.
Les hauts et les bas du marché boursier sont motivés par les émotions des investisseurs et cela attire naturellement l’attention des médias et du public. En revanche, les mouvements des prix des obligations plutôt motivés par des mathématiques ennuyeuses.
Les rendements obligataires – le taux d’intérêt actuel payé par les obligations – évoluent dans la direction opposée aux prix des obligations, ce qui signifie que la hausse des taux d’intérêt entraîne une baisse des prix des obligations. En effet, les investisseurs qui souhaitent vendre des obligations doivent accepter des prix plus bas puisque les acheteurs de ces obligations s’attendent désormais à recevoir les nouveaux taux d’intérêt plus élevés.
Cet effet s’est traduit par une forte baisse des prix des obligations cette année en réponse à des taux plus élevés. L’indice obligataire universel FTSE Canada, l’indice de référence des FNB obligataires détenus par de nombreux Canadiens, a baissé de 8,5 % (excluant les paiements d’intérêts) depuis le début de l’année et de 10,8 % depuis qu’il a atteint son sommet des 12 derniers mois en août 2021.
Une baisse de cette ampleur serait déjà assez néfaste pour le marché boursier ; sur le marché obligataire normalement moins volatil, c’est une débâcle épique. En fait, il n’y a eu que deux autres marchés baissiers de cette ampleur sur le marché obligataire canadien depuis 1980 – en 1980-81 et en 1994. Celui de 1994, qui s’est également produit aux États-Unis, a été surnommé par nos voisins du sud le Great Bond Massacre!
La baisse de cette année sera déroutante pour les investisseurs, d’autant plus que la partie obligataire de leurs portefeuilles est censée être la tranche « sûre ». Cependant, il y a quelques facteurs atténuants à garder à l’esprit lorsque l’on pense à ce marché baissier.
Le premier point est que la baisse des prix des obligations est plus prononcée lorsque vous détenez des obligations avec des échéances plus longues. Plus la durée d’une obligation, mesurée en années, est longue, plus son prix est sensible aux variations des taux d’intérêt.
Les obligations à court terme, telles que mesurées par l’indice obligataire à court terme FTSE Canada, ont perdu 3,3 % (encore une fois hors paiements d’intérêts) cette année et 5,8 % depuis qu’elles ont atteint leur sommet des douze derniers mois en avril 2021. Il s’agit toujours d’une baisse importante, mais beaucoup moins sévère que celle des obligations à plus longue échéance.
Dans les portefeuilles de nos clients, nous privilégions les obligations à court terme avec des échéances allant d’un à cinq ans. Les FNB que nous utilisons ont une durée d’environ 2,7 ans, comparativement à 7,9 ans pour l’indice obligataire universel FTSE Canada.
En plus d’être moins sensibles aux hausses de taux d’intérêt, les obligations à court terme offrent également une meilleure protection contre la hausse des taux d’intérêt en réponse à une inflation plus élevée et sont moins volatiles que les obligations à échéance plus longue.
Elles offrent une meilleure protection contre la hausse des taux d’intérêt, car avec des échéances plus courtes, le portefeuille se renouvelle plus rapidement et les obligations peuvent être réinvesties à des taux plus élevés plus rapidement. Dans ce contexte, il est important de garder à l’esprit qu’une inflation élevée est un risque plus important qu’une hausse des taux d’intérêt, car elle ronge la valeur de votre épargne.
Le deuxième point à retenir est que des taux d’intérêt plus élevés entraînent de meilleurs rendements obligataires à long terme. Les investisseurs à long terme, qui ont souffert pendant des années de taux d’intérêt très bas, devraient vouloir que les taux augmentent, même si cela signifie des pertes en capital à court terme.
C’est un cas clair où la douleur à court terme produira un gain à long terme.