Gérez votre état d'esprit d'investisseur/La finance comportementale

Voici une meilleure façon de réévaluer la notion du risque

par James Parkyn

En tant que conseillers en investissement et gestionnaires de portefeuille, notre travail consiste à tirer parti des rendements des marchés mondiaux tout en contrôlant le risque du portefeuille. Nous y parvenons en maximisant la diversification, en minimisant les coûts et en cherchant à rendre les portefeuilles aussi efficaces que possible sur le plan fiscal.

Un élément essentiel de ce travail consiste à adapter le risque du portefeuille à la tolérance au risque de nos clients. Votre tolérance au risque dépend non seulement de votre degré de tolérance à l'incertitude, mais aussi de votre capacité à prendre des risques compte tenu de votre âge, de votre situation financière et de vos objectifs dans la vie.

Le printemps dernier, Ken French, en association avec la firme Dimensional, a publié un essai intitulé Cinq choses que je connais sur l’investissement. Ken French, professeur au Dartmouth College, est un géant du monde de la finance, surtout connu pour son travail avec un lauréat du prix Nobel, Eugene Fama.

La première partie de son essai portait sur le risque. Le professeur French a proposé une définition du risque qui s'écarte des concepts techniques de la finance tels que la volatilité, l'écart-type et le bêta. Il a plutôt défini le risque comme "l'incertitude sur la consommation au cours d’une vie".

Il explique que les gens investissent parce qu'ils veulent utiliser leur patrimoine dans le futur pour atteindre des objectifs importants, comme jouir d'une sécurité financière, soutenir les personnes et les causes qui leur tiennent à cœur et prendre une retraite confortable. Le risque est l'incertitude par rapport à la quantité de richesse nécessaire pour atteindre ces objectifs au cours de votre vie.

"Certains prévoient de dépenser tout l'argent pour eux-mêmes, par exemple pour se nourrir, se loger, voyager, se divertir et se soigner", explique le professeur French. "D'autres prévoient de consacrer une partie de leur patrimoine à des contributions politiques, à des dons caritatifs ou à des cadeaux et legs à leurs enfants... Les investisseurs désirent un rendement espères élever car il augmente la richesse attendue qui sera disponible pour être dépensée ou donnée. Vice versa, les investisseurs ayant une aversion pour le risque préfèrent moins d'incertitude quant à leur richesse future."

Dans cette optique, l'auteur financier Morgan Housel fait quelques observations importantes dans son livre The Psychology of Money à propos du risque et des événements et comment des évènements imprévus peuvent mettent en péril votre richesse future.

"Un plan n'est utile que s'il peut survivre à la réalité", écrit Housel dans cet extrait de son livre. "Et un avenir rempli d'inconnues est la réalité de tout le monde".

Selon Housel, survivre aux inconnues futures pour constituer un patrimoine destiné à être consommé toute une vie se résume à trois choses.

  • Tout d'abord, plus que des rendements élevés, vous voulez être indestructible financièrement. En d'autres termes, vous ne voulez pas prendre le genre de risques qui épuiseront votre patrimoine et vous empêcheront de profiter de la puissance de la capitalisation à long terme.

  • Deuxièmement, la partie la plus importante de votre plan financier est de vous préparer à ce que les choses ne se passent pas comme prévu. Il suffit de penser à la pandémie, à la guerre en Ukraine ou à la hausse des taux d'intérêt pour savoir que vous devez vous attendre à l'inattendu. "La marge d'erreur - souvent appelée marge de sécurité - est l'une des forces les plus sous-estimées en finance. Elle se présente sous de nombreuses formes : Un budget frugal, une pensée souple et un calendrier flexible - tout ce qui vous permet de vivre heureux avec une multitude de résultats éventuels."

  • Troisièmement, Housel écrit qu'il est vital d'avoir une "personnalité équilibrée" - optimiste quant à l'avenir, mais paranoïaque par rapport à ce qui peut vous empêcher d’atteindre cet avenir désiré. Selon Housel, l'optimisme raisonnable consiste à croire que les chances sont en votre faveur pour que les choses s'arrangent avec le temps, même si vous savez qu'il y aura des difficultés en cours de route. Pour parvenir à cet avenir optimiste, il faut prendre des décisions prudentes et maintenir le cap lorsque les choses semblent sombres.

Nous devons accepter le risque et faire face à l'incertitude pour constituer un patrimoine et atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. L'essentiel est de comprendre les risques que vous prenez, de vous assurer qu'ils correspondent à votre tolérance au risque et de les contrôler avec prudence et constance au fil du temps.

Je vous encourage à lire l’essai de Ken French pour bénéficier de ses autres observations sur l'investissement. Je vous invite également à télécharger le dernier épisode de notre podcast Sujet Capital dans lequel nous discutons de l’essai en détail.

Posez-vous cette simple question avant de changer de portefeuille

par James Parkyn

Nous savons que dans le domaine de la finance comportementale, les gens ont tendance à ressentir la douleur des pertes beaucoup plus profondément que la joie des gains. C'est pourquoi un marché baissier comme celui que nous avons connu cette année peut être si difficile à encaisser.

Lorsque les marchés deviennent turbulents, la plupart des investisseurs savent qu'ils doivent maîtriser leurs émotions. Mais dans le feu de l'action, lorsque les marchés s'effondrent, ce n'est pas facile.

Il y a tellement d'incertitude. Vous ne savez pas à quel point le marché baissier va s'aggraver ni combien de temps ça va durer. Il vaut mieux ne pas cherchez l'aide des médias. Les commentateurs boursiers ont tendance à se concentrer sur le négatif et à régurgiter des clichés comme « C'est un marché de sélectionneurs de titres » ou « Acheter et conserver, c'est fini ».

Ces banalités encouragent les gens à changer leurs investissements, mais si vous êtes tenté de vous écarter de votre plan financier à long terme, posez-vous une question simple: et ensuite?

Une fois que vous avez pris la décision de vendre des actions pour éviter de nouvelles pertes, que se passe-t-il ensuite? À un moment donné, vous devrez racheter. Mais comment saurez-vous quand c’est sans dangers? En attendant, vous risquez de manquer des rendements lorsque les marchés rebondiront.

Ou vous pourriez être persuadé d'acheter un fonds commun de placement géré activement en fonction de ses performances passées. Cependant, nous savons que seulement 18% des fonds d'actions canadiennes activement gérés ont surpassé leur indice de référence au cours de la période de 10 ans jusqu'en décembre 2021, selon les données de S&P SPIVA Canada. Les fonds américains et internationaux gérés activement ont des antécédents tout aussi lamentables.

Si le fonds commun de placement que vous avez choisi sous-performe, alors quoi? Allez-vous à la recherche d'un autre fonds dans l'espoir qu'il fera mieux? Ou peut-être tenterez-vous la sélection d'actions individuelles même si nous savons que les investisseurs ont tendance à s'en tirer encore moins bien lorsqu'ils essaient cette approche.

Dans une chronique pertinente, David Booth, président exécutif de Dimensional Fund Advisors, reconnaît que l'incertitude des marchés et de la vie est très difficile pour les gens. Cependant, il observe également que l'incertitude s'accompagne d'opportunités.

 "La plupart de ce qui se passe dans nos vies est imprévisible et il est impossible de prévoir l'avenir", écrit Booth. « Mais vous pouvez vivre pleinement votre vie sans savoir ce qui va se passer. Et vous pouvez avoir une bonne expérience d'investissement sans prévoir ce que le marché va faire, car vous n'essayez pas de deviner quelles entreprises réussiront et quand. Vous investissez dans l'ingéniosité des gens pour résoudre les problèmes et améliorer le fonctionnement de leur entreprise. »

Bien qu'il soit impossible de prédire l'évolution future des marchés, nous pouvons contrôler le niveau de risque que nous prenons ; dans quelle mesure nous diversifions nos investissements ; et vers qui nous nous tournons pour obtenir des conseils financiers.

Lorsque nos émotions commencent à bouillir, nous pouvons nous rappeler que la clé du succès en matière d'investissement est de rester investi dans les marchés suffisamment longtemps pour que le rendement composé opère sa magie. Le blogueur Ben Carlson l'a expliqué ainsi : "Le fondement de ma philosophie d'investissement repose sur l'idée qu'il est préférable de penser et d'agir à long terme. Mais il faut survivre le court terme pour arriver au long terme. »

Votre objectif devrait être de prendre des décisions fondées sur un plan financier bien structuré et sur une approche d'investissement éprouvée et fondée sur des données probantes.

Et que fait-on par après? Ensuite, vous faites face à l'avenir avec courage et optimisme et vous laissez le temps faire son travail.

Pour plus d'informations sur la façon de naviguer sur les marchés, veuillez télécharger notre livre électronique Les sept péchés capitaux du placement. Et si vous n'êtes pas déjà un auditeur de notre balado mensuel Sujet Capital, je vous encourage à télécharger le dernier épisode et à vous abonner pour recevoir les prochains épisodes.

C’est un moment terrible pour vendre des obligations

par James Parkyn

La plupart des lecteurs de cet article connaissent la fâcheuse tendance de certains investisseurs à acheter au prix fort et à vendre au plus bas. Ils se précipitent sur les marchés en hausse et s’enfuient lorsqu’ils retombent.

C’est une tendance que nous observons habituellement sur le marché boursier, bien que cette année, les investisseurs américains aient fait preuve de patience face à la chute des marchés. Là d’où ils ont fui, c’est le monde habituellement calme des fonds obligataires.

Les prix des obligations ont connu une baisse en 2022 comme nous n’avons pas vu depuis 40 ans. Notre dernier rapport sur les statistiques de marché montre que l’ensemble du marché obligataire mondial (couvert en dollars canadiens) était en baisse de 12,3 % à la fin septembre, tandis que l’ensemble du marché obligataire canadien était en baisse de 11,8 %.

Ce sont des chiffres assez horribles pour ce qui est censé être la partie sûre de votre portefeuille. Les investisseurs aux États-Unis ont réagi en vendant des fonds obligataires en masse. Les données de Morningstar montrent que depuis le début de l’année jusqu’au 31 août, 330 milliards de dollars américains sont sortis des fonds communs de placement obligataires et des FNB américains. Étonnamment, c’est l’inverse qui s’est produit au Canada où les fonds communs de placement obligataires ont enregistré des entrées nettes de 1,3 milliard de dollars et les FNB obligataires ont enregistré des entrées nettes de 4,5 milliards de dollars.

L’écart des flux de fonds obligataires entre les deux pays est difficile à expliquer ; cependant, les fonds équilibrés canadiens — ceux qui détiennent une combinaison d’actions et d’obligations — ont suivi la tendance américaine, enregistrant une sortie nette de 6,5 milliards de dollars pour l’année.

Les investisseurs qui fuient les obligations se concentrent sur la douleur à court terme qu’ils ont subie à cause de la chute des prix des fonds, mais passent à côté des nombreuses raisons pour lesquelles les obligations sont devenues plus attrayantes cette année pour les investisseurs à long terme.

Avant d’examiner ces raisons, rappelons pourquoi l’année a été si difficile pour les obligations. Au sortir de la pandémie, l’inflation a augmenté dans le monde entier. Cela a incité les banques centrales, y compris la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine, à augmenter agressivement les taux d’intérêt pour ralentir l’économie et faire baisser l’inflation.

De plus, les banquiers centraux, suivant le président de la Fed, Jérôme Powell, ont aussi clairement indiqué qu’ils feront ce qu’il faut pour maîtriser les hausses de prix, ce qui signifie qu’ils continueront à augmenter les taux jusqu’à ce que le taux d’inflation revienne autour de leur objectif de 2 %.

Les prix des obligations évoluent inversement aux taux d’intérêt, de sorte que lorsque les taux augmentent, les prix des obligations baissent. Par conséquent, la hausse des taux s’est traduite par des pertes en capital sur les placements obligataires. Mais lorsque les prix des fonds obligataires chutent, il est important de se souvenir de l’autre côté de l’équation : la baisse des prix signifie que les obligations paient des taux d’intérêt plus élevés ou, dans le langage de l’industrie, qu’elles rapportent plus.

En fait, la hausse des taux d’intérêt crée un tout nouveau paysage d’investissement par rapport à celui que nous connaissons depuis la crise financière de 2008-09. Les taux d’intérêt les plus bas auxquels nous nous étions habitués sont maintenant dans le rétroviseur.

Les obligations génèrent plus de revenus d’intérêts que par le passé, ce qui augmente les rendements attendus des portefeuilles – une bonne nouvelle pour les investisseurs à long terme. C’est la première raison pour laquelle il est plus propice d’investir dans des obligations, en ce moment, qu’il y a un an.

La deuxième raison est que les obligations continueront d’être un élément de diversification important pour votre portefeuille qui réduit son risque, même en période de hausse des taux d’intérêt.

Les marchés boursiers et obligataires ont été relativement bien corrélés cette année – baissant en tandem – mais c’est un événement très inhabituel. Les prix des obligations ont généralement une corrélation plus faible avec les actions que la plupart des autres grandes classes d’actifs et sont également moins volatils.

Mark Haefele a déclaré dans son blog hebdomadaire, publié le 26 septembre que L’histoire suggère que les obligations reprendront leur rôle traditionnel de diversification. Les périodes où les rendements totaux sur 12 mois chutent simultanément pour les actions et les obligations ont été suivies de périodes de rendement obligataire élevés. En fait, depuis 1930, la performance des obligations sur 12 mois après de telles périodes a été positive 100% du temps.

Personne ne peut prédire l’évolution des taux d’intérêt, comme l’a souligné l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervyn King. Cependant, la situation des obligations s’est améliorée au lieu de se détériorer cette année. Les investisseurs qui ont réduit leurs avoirs obligataires au profit des actions pendant la longue période de faibles taux d’intérêt voudront peut-être revoir leur allocation d’actifs.

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La hausse des taux d’intérêt poussera-t-elle l’économie vers la récession ?

par James Parkyn

Avec autant d’incertitude qu’éprouve l’économique mondiale, les investisseurs sont plus sensibles que jamais aux commentaires des banquiers centraux. Ils analysent chaque mot, essayant de comprendre jusqu’où les taux d’intérêt vont monter et si les hausses vont pousser les principales économies du monde en récession.

Il y a quelques semaines, nous avons vu à quel point les marchés peuvent être sensibles aux paroles de Jérôme Powell, président de la Réserve fédérale américaine, la banque centrale la plus puissante du monde.

Lors du Symposium économique annuel à Jackson Hole au Wyoming, Powell a déclaré que « l’objectif primordial de la Fed est actuellement de ramener l’inflation à notre objectif de 2% ». Il a poursuivi en disant que « le rétablissement de la stabilité des prix prendrait du temps et nécessiterait d’utilisation vigoureuse de nos outils pour mieux équilibrer l’offre et la demande ».

Le marché a interprété la déclaration comme s’il n’y aura pas de pause prochainement dans les fortes hausses des taux d’intérêt, ce qui augmente les risques d’une grave récession. Le S&P 500 a chuté de plus de 4 %.

Les banquiers centraux doivent faire attention à chaque mot qu’ils prononcent publiquement, car ils peuvent avoir cet effet démesuré sur les marchés. C’est pourquoi j’aime écouter ce que les anciens banquiers centraux ont à dire, car ils peuvent parler plus librement de la situation actuelle et des causes qui nous y ont conduit.

Je suis récemment tombé sur une entrevue de l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervyn King, que j’ai trouvée très perspicace et que je recommande à tous ceux qui s’intéressent à la direction que pourraient prendre les taux d’intérêt dans les mois à venir.

King, qui a été gouverneur de 2003 à 2013, qualifie l’inflation comme un signe d’une économie malade car les salaires poursuivent constamment la hausse des prix, créant de l’instabilité et des difficultés pour les ménages et les entreprises. C’est pourquoi il est si important de maîtriser l’inflation le plus rapidement possible.

King pense que l’actuel poussée d’inflation est le résultat de deux erreurs commises par les principales banques centrales et les économistes qui les conseillent.

Lorsque la pandémie a frappé, les banques centrales ont imprimé de l’argent pour stimuler les dépenses et stimuler la demande. En même temps, les gouvernements injectaient des stimuli massifs dans l’économie par le biais de programmes de soutien directs pour les ménages et les entreprises.

Cependant, la pandémie a provoqué un arrêt des économies, limitant la production et l’offre de biens et de services. « Vous aviez un cas classique de trop d’argent pour trop peu de biens et le résultat de cela est l’inflation », a déclaré King, s’exprimant en mai. Il pense que les mesures de relance du gouvernement auraient dû être suffisantes pour soutenir l’économie sans que les banques centrales aient besoin d’imprimer de l’argent.

La deuxième erreur a été de s’appuyer sur des modèles économiques qui ne tenaient pas compte de ce qui se passait réellement dans l’économie et qui s’appuyaient plutôt sur des objectifs d’inflation. King a noté que les banquiers centraux ne peuvent pas faire revenir l’inflation à 2% simplement en fixant un objectif. Les mots doivent être soutenus par des hausses agressives des taux d’intérêt pour rééquilibrer la demande et l’offre.

Comme nous l’avons vu pendant la spirale inflationniste des années 1970 et 1980, M. King précise que, plus tôt des mesures énergiques sont prises, mieux c’est pour éviter d’avoir à prendre des mesures encore plus draconiennes à l’avenir.

Comme s’ils avaient écouté les conseils de King, c’est exactement l’approche qui a été adoptée ces derniers mois par la Réserve fédérale sous la direction de Powell et la Banque du Canada sous le gouverneur Tiff Macklem ainsi que par d’autres banques centrales. Ils ont augmenté les taux de manière agressive et ont clairement indiqué que d’autres augmentations sont à venir jusqu’à ce que l’inflation soit maîtrisée.

Jusqu’où iront les taux d’intérêt? King dit qu’il n’y a aucun moyen de savoir à l’avance. Mais il note que les taux proches de zéro de ces dernières années étaient historiquement inhabituels et malsains pour l’économie car ils ont faussé les décisions d’investissement. Les hausses de taux provoqueront-elles une récession ? Là encore, il ne fera pas de prédiction, sauf pour dire que c’est probable mais pas inévitable.

En fait, cet ancien banquier central n’a pas une haute opinion des prévisions en général. Qui a prédit, par exemple, la pandémie en 2020 ou l’invasion russe de l’Ukraine cette année ?

« L’erreur est de croire que vous pouvez faire des prévisions précises », dit-il. « La chose la plus importante à faire n’est pas de prétendre que nous savons que l’inflation va être de 3,2% au cours d’une année donnée, mais d’essayer d’identifier les risques. Quels sont les risques à la hausse et à la baisse ? Quelles mesures pouvons-nous prendre pour atténuer ces risques ? »

C’est exactement l’approche que nous adoptons dans la gestion des investissements. Nous n’essayons pas de prédire l’avenir, mais plutôt de construire des portefeuilles qui récoltent les rendements des marchés tout en gérant prudemment le risque.

Personne ne sait jusqu’où iront les taux d’intérêt ni si une récession est en vue. Mais nous pouvons nous préparer à différents scénarios, puis relever les défis au fur et à mesure qu’ils se présentent avec patience et optimisme.

Pour plus d’informations sur l’investissement et les finances personnelles, veuillez télécharger notre balado «Sujet Capital » .

Vous ne pouvez pas attraper un rebond du marché si vous n’êtes pas investi

par James Parkyn

Quelle différence en l’espace d’un mois! Fin juin, j’ai partagé des chiffres, assez sombres, du marché pour la première moitié de l’année 2022.

Ce fut l’une des pires périodes de six mois jamais enregistrés pour les actions et les obligations américaines. Au sud de la frontière, les actions ont chuté de 20 %, basculant en territoire de marché baissier, tandis que les obligations ont chuté de 8,8 %, enregistrant la plus forte baisse en quatre décennies. Au Canada, les actions ont baissé de 9,9 % tandis que les obligations ont baissé de 12,2 %

Ensuite, les marchés ont rebondi puissamment. En date du 18 août, le marché boursier américain avait récupéré 13,2 % en dollars américains tandis que les actions canadiennes avaient repris 7,4 %. Le marché obligataire canadien a, quant à lui, gagné 2,6 % au cours de la même période.

Le revirement peut sembler surprenant, mais en réalité, il n’est pas inhabituel. À en juger par les données historiques du marché, présentées dans un récent webinaire de Dimensional Fund Advisors, ce dernier a mis en évidence que les baisses boursières de 20 % ou plus se produisent assez régulièrement, de même que les rebonds.

Entre 1979 et 2021, les baisses intra-annuelles du marché boursier américain ont atteint en moyenne 14 % du sommet au creux. Au cours de 10 de ces années, la baisse a été de 20 % ou plus. Cependant, lorsque l’on regarde l’historique des rendements annuels du marché, seuls 8 des 46 dernières années ont été négatives.

Donc, à un moment donné dans une année, vous allez subir une correction ou pire vous retrouver en marché baissier, mais cela ne signifie pas nécessairement que l’année se terminera en territoire négatif. C’est pourquoi il est si important de se préparer aux baisses du marché et de ne pas céder à la peur pendant ces épisodes.

La dernière fois que nous avons connu un premier semestre aussi mauvais, c’était en 1970, lorsque le S&P 500 avait perdu 21 %. Les investisseurs d’aujourd’hui peuvent imaginer à quel point cela a dû être difficile. Mais au second semestre de cette année-là, le marché a bondi de 29 % et le S&P 500 a terminé l’année à +4 %.

Les investisseurs qui ont vendu leurs actions cette année-là parce qu’ils craignaient davantage de pertes auraient fini par manquer un énorme rallye et un gain pour toute l’année civile.

En effet, essayer le « timing » de marché en sortant pour éviter les pertes, puis en revenant lorsque les choses semblent plus calmes est souvent une erreur très coûteuse, comme l’a démontré Dimensional dans un autre graphique présenté lors du webinaire.

Ce graphique montre que si vous étiez resté investi sur le marché américain au cours de la période de 25 ans allant de 1997 à 2021, 100 000 $ se seraient transformés en un peu plus d’un million de dollars, soit 10 fois votre investissement initial.

Bien sûr, tout n’a pas été facile pendant ces années. Il y a eu de nombreuses fois où vous auriez pu être effrayé par une baisse du marché et décider de tout vendre.

Si vous aviez raté le meilleur mois durant cette période, vos rendements auraient fondu à 865 000 $. Si vous aviez raté les trois meilleurs mois, vous n’auriez gagné que 731 000 $.

Et comme nous le rappellent les présentateurs, vous auriez également renoncé à beaucoup de tranquillité d’esprit. Ça peut être tout aussi stressant d’être hors du marché quand il monte que lorsqu’ il baisse.

Maintenant, je ne prédis pas qu’à la fin de l’année 2022, le marché boursier affichera un rendement positif pour l’année puisque nous ne savons pas ce qui va se passer d’ici là.

Cependant, la raison pour laquelle nous obtenons des rendements sur les actions et les obligations c’est que nous sommes prêts à accepter l’incertitude et le risque en échange de l’attente que ces rendements soient positifs au fil du temps.

Et bien que les rendements positifs ne se produisent pas tous les jours, plus vous restez investi dans les marchés, plus vous devez vous attendre à des rendements positifs. Par conséquent, l’antidote à la volatilité est de s’en tenir à votre plan financier et de rester concentré sur le long terme.

Comme nous l’avons vu le mois dernier, les marchés peuvent se retourner rapidement et augmenter considérablement en peu de temps. Afin de bénéficier ces rendements, vous devez être investi.

Je vous encourage à regarder le webinaire Dimensional au complet où non seulement les marchés baissiers mais aussi l’inflation et les récessions sont discutés. Et assurez-vous d’écouter notre podcast Sujet Capital pour plus d’informations sur l’investissement fondé sur les données et les finances personnelles.

Sources: Quotestream et Dimensional Fund Advisors

Guerre en Ukraine : que doivent faire les investisseurs ?

par James Parkyn

En voyant se dérouler l’horrible invasion de l’Ukraine par la Russie, je me suis rappelé l’une des citations célèbres de Winston Churchill :
« L’homme d’État qui cède à la fièvre de la guerre doit réaliser qu’une fois le signal donné, il n’est plus le maître de la politique, mais l’esclave de l’imprévisible et des événements incontrôlables.

Il semble que Vladimir Poutine et l’armée russe apprennent cette leçon, mais malheureusement, c’est aussi le cas pour le peuple ukrainien. Nos pensées vont à tous ceux qui souffrent à cause de ce conflit insensé – la tragédie humaine doit demeurer au premier plan.

Cela dit, les paroles de Churchill sont également pertinentes pour les investisseurs qui craignent que leur portefeuille ne subisse des dommages collatéraux de cette guerre.

Bien que l’invasion semble marquer un point d’inflexion géopolitique d’une ampleur jamais vue depuis les attentats du 11 septembre, les conséquences pour l’économie et les marchés des capitaux restent – selon l’expression de Churchill – imprévisibles et incontrôlables.

L’invasion a ajouté un énorme nouvel élément d’incertitude à l’économie mondiale qui pourrait se répercuter pendant des mois, voire des années à venir. À l’heure actuelle, les marchés tentent de digérer l’impact potentiel, en particulier pour les bénéfices des entreprises.

De toute évidence, il y aura un impact. Quelque 400 entreprises, dont certains des plus grands noms du monde, ont annoncé qu’elles se retireraient de Russie. Une incertitude accrue et des bénéfices plus faibles entraîneraient normalement une baisse des cours des actions.

Pourtant, la réaction des marchés a jusqu’à présent été remarquablement modérée. S’il est vrai que le marché américain est entré en territoire de correction, après avoir perdu 10,3 % cette année jusqu’au 15 mars, la baisse a commencé bien avant l’invasion du 24 février. Le S&P 500 était déjà en baisse de 11,3 % le 23 février. Ainsi, le marché américain en fait gagné 1 % au cours des trois premières semaines de guerre.

C’est une histoire similaire en Europe, qui étant plus proche de l’Ukraine, on s’attendrait à être plus durement touché. L’indice FTSE Europe est en baisse de 9,5 % sur l’année, mais de seulement 0,6 % depuis le début de la guerre.

Le marché canadien a en fait bénéficié de l’invasion russe. Il était en hausse de 0,3 % pour l’année, au 15 mars, grâce à une reprise de 28 % des actions énergétiques en réponse à une flambée des prix mondiaux du pétrole.

Ainsi, l’impact de la guerre sur les marchés – du moins pour l’instant – est bien moindre que ce à quoi on aurait pu s’attendre, si notre jugement avait été fondé uniquement sur les sombres prédictions émanant des médias financiers.

Alors que la longue préparation de la guerre s’est probablement traduite par une baisse des cours des actions avant le début effectif de l’invasion, de nombreux autres facteurs ont pesé sur les marchés. Fait important, les investisseurs ont été confrontés à une inflation beaucoup plus élevée et à la perspective de taux d’intérêt plus élevés.

Les médias se sont concentrés sur ces mauvaises nouvelles avant de porter leur attention sur la guerre. En attendant, ils ont fait fi de toutes les bonnes nouvelles de l’autre côté de la balance. Cela comprend une forte croissance du PIB et de l’emploi, des bénéfices records pour les entreprises et la réouverture de l’économie à la suite de restrictions pandémiques.

Alors, que penser de tous ces développements ? Eh bien, il y a une leçon à retenir face aux médias qui peuvent être une bonne source d’information et de divertissement, mais qu’ils sont un terrible guide pour prendre des décisions d’investissement.

Plus important encore, nous voyons une autre preuve de l’impossibilité de prédire comment un événement comme la guerre affectera l’économie ou les marchés.

Dans ce merveilleux article, le journaliste Robin Power l’exprime ainsi :  » Nous avons soif de certitude. Nous voulons être les auteurs de notre propre destin. Et nous retraitons devant l’idée que, dans une large mesure, nos vies sont régies par la chance – à la fois bonne et mauvaise – et le simple hasard. Tout semble si évident avec le recul. Mais l’histoire se déroule en temps réel, et personne ne sait – pas même les généraux ou les dirigeants politiques directement impliqués – comment les événements se dérouleront d’un jour à l’autre. »

Les conseils de Powell sur la façon dont les investisseurs devraient réagir à l’invasion de l’Ukraine ? « La grande majorité des investisseurs, et certainement ceux qui ont mis en place un plan financier approprié, ne devraient précisément rien faire. »

Nous sommes d’accord. Lorsqu’on nous demande ce que nous faisons en réponse à des événements comme la guerre, nous répondons : nous nous en tenons au plan. En effet, la gestion des risques consiste à concevoir des portefeuilles pour faire face aux périodes de forte volatilité avant qu’elles ne surviennent.

La volatilité se présente sous de nombreuses formes et provient de nombreuses sources et c’est la raison exacte pour laquelle vous obtenez des rendements plus élevés en investissant dans des actions. Vous êtes payé pour prendre des risques, mais vous devez être prêt à faire face à la volatilité avant qu’elle ne survienne. Vous le faites avec un portefeuille largement diversifié parmi les classes d’actifs et les zones géographiques. Ensuite, il s’agit de garder le cap et de résister à l’envie de vendre quand les gros titres font peur. C’est simple mais pas facile. Il faut de la discipline et c’est pourquoi il est si important d’avoir un plan à long terme sur lequel s’appuyer dans des moments comme celui-ci.