1) INTRODUCTION
François Doyon La Rochelle :
Bienvenue à Sujet Capital, un balado mensuel à propos de la gestion passive de portefeuille et de la planification financière et fiscale pour les investisseurs à long terme.
Vos hôtes pour ce balado sont James Parkyn et moi-même François Doyon La Rochelle, tous deux gestionnaires de portefeuilles avec PWL Capital.
Au programme aujourd’hui pour l’épisode #66 nous passons en revue la performance des marchés des capitaux pour le premier semestre de 2024.
Bonne écoute !
2) REVUE DE LA PERFORMANCE DES MARCHÉS DES CAPITAUX POUR LE PREMIER SEMESTRE DE 2024:
Francois Doyon La Rochelle :
Avant de commencer, on a pensé à gâter nos auditeurs réguliers avec un petit cadeau. Vous y êtes tous éligibles, nous aurons plus de détails à la fin du podcast d'aujourd'hui.
Ceci dit, je vais commencer à couvrir le sujet d'aujourd'hui qui est la revue de la performance des marchés des capitaux mondiaux pour le premier semestre 2024. Nos auditeurs réguliers savent qu’on aborde ce sujet deux fois par an pour les aider à mieux comprendre et évaluer la performance de leurs portefeuilles.
James Parkyn :
Oui, et François, puisqu’on va passer en revue un grand nombre de données tirées de notre rapport statistique de marchés, j'aimerais rappeler à nos auditeurs que le rapport est disponible sur notre page web de Sujet Capital, dans la section des ressources, et aussi sur la page web de notre équipe sur le site de PWL Capital.
Francois Doyon La Rochelle :
Effectivement, James et j'ajouterais pour nos auditeurs qu'ils peuvent également trouver la performance de nos portefeuilles modèles sur le site de Sujet capital, toujours dans la section ressources, ou directement sur la page de notre équipe sur le site de PWL Capital.
Passons maintenant à notre sujet. Si vous avez écouté notre dernier podcast #65 sur la façon d'investir lorsque les marchés atteignent de nouveaux sommets historiques, vous savez que 2024 démarre sur les chapeaux de roues.
James Parkyn :
En effet François, le premier semestre de 2024 a été excellent. Ça fait suite à des rendements de marché élevés en 2023, en particulier sur le marché boursier américain. Nos auditeurs se souviendront peut-être qu'en 2023, le S&P500 a enregistré un rendement exceptionnel au cours des deux derniers mois de l’année de 15,8 % en dollars américains.
Francois Doyon La Rochelle :
Oui, et ces bons résultats ont été obtenus en dépit d'une multitude d'incertitudes économiques et géopolitiques. Sur le plan économique, l’inflation a continué d’être supérieure aux niveaux de confort des banques centrales. Les taux d'intérêt sont restés élevés plus longtemps et, qu’éventuellement ces taux élevés prolongés, risqueront d’avoir un impact négatif sur l'activité économique. Les experts du marché spéculent sur la perspective d'un atterrissage en douceur ou même d'une récession.
James Parkyn :
Oui François, mais malgré ces craintes, le taux de croissance des produits intérieurs bruts sont toujours positifs au Canada, dans la zone euro et au Royaume-Uni, et un peu plus élevés aux États-Unis. Sur le plan géopolitique, les incertitudes persistent. La Russie est toujours en guerre contre l'Ukraine et le conflit entre Israël et la Palestine perdure. On assiste également à une fragmentation géopolitique croissante. On voit une concurrence géopolitique et économique qui s’intensifie entre les superpuissances rivales, la Chine et les États-Unis. En plus, il y a eu des élections avec des enjeux politiques importants, notamment au Royaume-Uni, en France, à Taïwan et en Inde. Enfin, plus près de chez nous, la campagne électorale américaine bat son plein, avec des hauts et des bas incroyables, les deux camps sont profondément polarisés et l'issue est incertaine.
Francois Doyon La Rochelle :
James, comme toujours, il y a beaucoup de raisons de s'inquiéter, mais comme le dit le dicton populaire à Wall Street le marché haussier a escaladé un mur d'inquiétudes ou en anglais « the bull market has been climbing a wall of worry ». Ceci dit, il y a quand même eu quelques bonnes nouvelles sur le front économique. Les taux d'inflation ont baissé dans le monde entier, ce qui a permis à certaines banques centrales de commencer à réduire leurs taux d'intérêt. Au Canada, le taux d'inflation est passé de 3,4 % en décembre 2023 à 2,7 % en juin et la Banque du Canada a ramené son taux directeur récemment de 4,75 % à 4,50 %. Aux États-Unis, le taux d'inflation a également diminué, passant de 3,4 % à 3 %, mais la Réserve fédérale n'a pas encore réduit son taux cible, qui reste à 5,5 %.
James Parkyn :
J'ajouterais, François, qu'en ce qui concerne l'inflation aux États-Unis, il semble que la Réserve fédérale soit désormais beaucoup plus proche d'une réduction des taux d'intérêt, si on se fie aux dernières nouvelles concernant les taux d'inflation. Au début de l'année, on s'attendait à ce que la Fed réduise ses taux à plusieurs reprises au cours de l'année, mais lors de sa dernière réunion, elle n'a annoncé qu'une seule baisse était envisagée. Ailleurs dans le monde, les nouvelles concernant l'inflation se sont améliorées. L’inflation semble sous contrôle, passant de 2,9 % à 2,5 % dans la zone euro et de 4 % à 2 % au Royaume-Uni. La baisse de l'inflation dans la zone euro a incité la Banque centrale européenne à réduire ses taux de 4,0 % à 3,75 %.
Francois Doyon La Rochelle :
Je pense James que l'on peut dire que les taux d'inflation sont sous contrôle et qu’ils sont proches de l'objectif de 2% des Banques centrale. On peut également ajouter que les banques centrales sont passées d'un effort coordonné au niveau mondial pour lutter contre l'inflation en augmentant rapidement les taux à une phase de réduction des taux qui sera plus sporadique et intermittente, qui va refléter chaque situation économique nationale.
James Parkyn :
Tu as parfaitement raison François. Je ne suis pas économiste mais je pense que les banques centrales ajusteront leurs taux en fonction des données économiques nationales courantes.
Francois Doyon La Rochelle :
Examinons maintenant les statistiques du marché pour le premier semestre 2024. À tire de rappel, nos statistiques de marché peuvent être consultées sur le site Web de Sujet Capital et dans la section de notre équipe sur le site Web de PWL Capital. On fournira le lien pour les statistiques de marché dans la page du podcast.
En ce qui concerne les titres à revenu fixe, les rendements au Canada et aux États-Unis restent bien supérieurs aux rendements moyens des 20 dernières années. Au Canada, le rendement de l'obligation à 10 ans du gouvernement canadien s'élevait le 30 juin à 3,5 %, soit 100 points de base au-dessus de la moyenne des 20 dernières années, qui est de 2,5 %. Aux États-Unis, le rendement des bons du Trésor à 10 ans s'élevait le 30 juin à environ 4,4 %, soit 140 points de base au-dessus de la moyenne des 20 dernières années, qui est de 3,0 %.
James Parkyn :
Étant donné Francois que les rendements sont supérieurs à la moyenne des 20 dernières années et que l'inflation revient à la normale, je pense que le moment est bien choisi pour que nos auditeurs réfléchissent à leur allocation en obligations. Je dis ça parce que lorsque les taux étaient bas, beaucoup d'investisseurs ont augmenté leur exposition aux actifs plus risqués pour accroître leurs rendements. Maintenant que les taux se sont « normalisés », comme on l’a souligné dans un podcast précédant, et quand en même le marché des actions a très bien performé, le moment est peut-être venu de réduire le risque de votre portefeuille. Cette décision ne serait pas une décision tactique à court terme, mais plutôt une décision stratégique à long terme.
Francois Doyon La Rochelle :
Je pense que ce que tu veux dire par là James, c'est que ce conseil ne se veut pas une question de Market Timing. Pour être plus précis, je pense que tu proposes, que les investisseurs revoient leur capacité à prendre des risques et profitent des taux d'intérêt beaucoup plus favorables pour réduire le risque de leur portefeuille.
James Parkyn :
C'est exact François, surtout si l'on considère l'extraordinaire performance des marchés boursiers depuis septembre 2022. Je crois que les investisseurs devraient se poser la question simple de comment ils réagiraient lors du prochain marché baissier « bear market » qu’on ne peut pas prédire. Si vous pensez pouvoir maintenir le cap il n’y a donc pas raison de faire des changements.
Francois Doyon La Rochelle :
Pour en revenir à la performance des obligations, les obligations canadiennes à court terme étaient en hausse de 1,6 % au 30 juin et le marché obligataire total, qui détient des échéances plus longues, était en baisse de 0,4 % en raison d'une légère augmentation des rendements des obligations à plus long terme. Il faut se rappeler que les rendements et les prix des obligations évoluent dans des directions opposées. Au cours de la dernière année, les obligations canadiennes à court terme ont également surpassé les obligations à plus long terme, avec une performance de 5,6 % contre 3,7 % pour le marché obligataire total.
James Parkyn :
François, je pense aussi qu'il faudrait souligner que les investisseurs ont perdu de l'argent sur leurs obligations au cours des cinq dernières années. Sur notre page de statistiques de marché, vous pouvez voir l'impact de la baisse historique du marché en 2022. Le marché obligataire total canadien a enregistré un rendement négatif de 0,05 %, et ce avant l'inflation. Si l'on considère que l'inflation pour cette période était de 3,4 % par an, les investisseurs sur une base de rendement réel ont perdu beaucoup plus d’argent.
Francois Doyon La Rochelle :
Exactement James, mais encore une fois ces rendements sont pour le marché obligataire total canadien, qui détient des obligations à plus long terme. Pour les investisseurs, comme nous, qui utilisent des obligations à court terme avec des échéances de 1 à 5 ans, le rendement annuel au cours des 5 dernières années a été de 1,4 %.
James Parkyn :
Ok François, ça fait le tour de ce qui s’est passé sur le marché obligataire. Maintenant qu’est-ce qui s’est passé sur les marchés des actions ?
Francois Doyon La Rochelle :
Si l'on regarde les marchés des actions dans le monde entier, tous les principaux indices qu’on suit ont enregistré des rendements positifs importants au cours du premier semestre.
James Parkyn :
J'ajouterais François, comme on l’a mentionné dans notre dernier podcast, plusieurs indices ont atteint de nouveaux sommets historiques. C’était particulièrement vrai du côté des États-Unis avec l'indice S&P500. Cet indice a atteint un nombre incroyable de 31 nouveaux records historiques au cours du premier semestre. D'autres marchés mondiaux, comme l'indice composé S&P/TSX au Canada et l'indice internationale des pays développés le MSCI EAFE, ont également atteint de nouveaux records depuis le début de l'année.
Francois Doyon La Rochelle :
Effectivement, James, mais le seul indice principal qu’on suit qui n'a pas atteint de nouveaux records cette année est l'indice MSCI des marchés émergents.
James Parkyn :
Cet indice subit l’impact de la mauvaise performance des actions chinoises au cours des trois dernières années environ. Les actions chinoises, représentent maintenant environ 25 % de l'indice MSCI des marchés émergents. Leurs poids ont vraiment pesé sur cet indice. Les actions Chinoises ont perdu près de 42 % de valeur par rapport à leur sommet historique.
Francois Doyon La Rochelle :
Pour en revenir aux actions canadiennes, l'indice composé S&P/TSX a augumenté de 6,1 % au premier semestre. Les actions de croissance à grande et moyenne capitalisation ont mené le bal avec une performance de 7,4 % contre 4,7 % pour les actions de valeur à grande et moyenne capitalisation. Les actions à petite capitalisation ont surpassé les actions à grande et moyenne capitalisation au cours de la période, avec une performance de 9,3 %. Au cours de l'année passée, le rendement total de l'indice composé S&P/TSX a été de 12,1 %, ce qui est considérablement plus élevé que le rendement espéré à long terme.
James Parkyn :
Maintenant peux-tu nous dire ce qui s’est passé du côté des actions américaines ?
Francois Doyon La Rochelle :
Eh bien James, les actions américaines ont eu des rendements exceptionnels au cours du premier semestre de l'année. L'indice S&P500 a connu son 13ème meilleur début d’année depuis 1950 et, comme tu l’as mentionné James, il a atteint plusieurs nouveaux records historiques. Si l'on examine les détails, l'indice du marché total américain a enregistré une solide performance de 13,6 % en dollars américains et de 17,2 % en dollars canadiens. La différence de performance est due au fait que le dollar canadien a perdu du terrain par rapport au billet vert au cours de la période. Si vous avez suivi les manchettes, vous ne serez pas surpris d'apprendre que les actions de croissance à grande et moyenne capitalisation ont enregistré une performance extraordinaire au 30 juin, de 24,6 % en dollars canadiens, contre 10,1 % pour les actions de valeur à grande et moyenne capitalisation. Les actions à petite capitalisation, en revanche, ont sous-performé leurs homologues à grande capitalisation avec une performance de 5,1%. Au cours des 12 derniers mois, la performance de l'indice du marché total américain est encore meilleure avec une performance, en dollars canadiens, de 24,2 %.
James Parkyn :
Comme nos auditeurs réguliers le savent, cette performance est principalement due aux actions technologiques liées à l'intelligence artificielle. Selon Morningstar, environ 62 % de la performance du premier semestre est due à sept titres : Alphabet (Google), Amazon, Apple, Microsoft, Meta (Facebook), NVIDIA et Broadcom.
Francois Doyon La Rochelle :
Au début de l'année, on espérait que la reprise s'étendrait au-delà des titres de technologies à grandes capitalisations, mais il semble que ce n’est pas encore le cas. Ceci dit, James, si nos auditeurs consultent notre page de statistiques de marché, ils vont constater que les actions de valeur à grande et moyenne capitalisation continuent de produire des rendements très décents. Leur performance peut sembler faible comparée à celle des actions de croissance, mais au cours de la dernière année en date du 30 juin, elles ont tout de même donné un rendement de 16,8 % (en dollars canadiens) et, au cours de la dernière décennie, un rendement de près de 11 % par an. C’est vraiment de très bons rendements ; cependant ils semblent faibles lorsqu'on les compare aux performances exceptionnelles des actions de croissance à grande et moyenne capitalisation, qui ont rapporté 37,8 % au cours de la dernière année et 19,3 % par an au cours de la dernière décennie.
James Parkyn :
Je suis tout à fait d'accord avec toi François, si l'on regarde les estimations PWL pour les rendements espérés à long terme, les performances récentes des actions de croissance à grande et moyenne capitalisation sont tout à fait hors normes. On doit se demander combien de temps cette surperformance va durer. Les médias financiers et les analystes de marché affirment que les niveaux de valorisation sont trop élevés et que ces titres sont susceptibles de subir une correction importante.
Francois Doyon La Rochelle :
Enfin, en ce qui concerne les actions internationales des pays développées, les actions à grande et moyenne capitalisation, ont également augmenté depuis le début de l'année, de 11,1 % en monnaie locale. En dollars canadiens, elles ont augmenté de 8,8 % étant donné que le dollar canadien s'est apprécié par rapport à l’ensemble de devises inclues dans l'indice MSCI EAFE. Là encore, les actions de croissance à grande et moyenne capitalisation ont surpassé les actions de valeur, mais dans une moindre mesure, avec une performance de 9,7 % en dollars canadiens, contre 7,9 % pour les actions de valeur à grande et moyenne capitalisation. Les actions à petite capitalisation sont toutefois à la traîne comparativement à leurs homologues à grande et moyenne capitalisation, avec une performance de 3,8 %.
En conclusion, les actions des marchés émergents ont également bien performé avec une performance de 11,2 % depuis le début de l'année et, et comme dans les marchés développés, les actions de valeur et de petites capitalisations ont moins bien fait que les actions de croissance et celles de grandes capitalisations.
James Parkyn :
Je pense que c’est assez clair, François, d'après ces statistiques de marché, que les investisseurs doivent revoir leur exposition aux actions de croissance à grande et moyenne capitalisation aux États-Unis. Ceci dit, je recommande à nos auditeurs de se méfier d'une des erreurs cognitives les plus courantes commises par les investisseurs, à savoir le biais de récurrence. Il s'agit de tendance à vouloir accorder trop d'importance aux rendements récents, ce qui conduit les investisseurs à dévier de leur plan d'investissement à long terme. Gardez donc ça en tête lorsque vous passerez en revue vos portefeuilles.
Francois Doyon La Rochelle :
Je suis tout à fait d'accord avec toi James, les tendances du marché évoluent avec le temps. Ces dernières années, les actions de croissance américaines ont surperformé, mais ce ne sera pas toujours le cas. Les investisseurs doivent rester disciplinés et respecter leur plan d'investissement à long terme basé sur leurs objectifs et ne pas se laisser distraire par les dernières tendances du marché. Les investisseurs doivent aussi rester diversifiés à l’échelle mondiale et s'exposer à des primes de marché qui ont fait leurs preuves, comme les actions à petite capitalisation et les actions de valeur. Pour l’instant elles sous-performent mais on ne sait jamais quand le vent va tourner.
3) CONCLUSION:
François Doyon La Rochelle :
Merci James Parkyn d’avoir partagé ton expertise et ton savoir aujourd’hui.
James Parkyn :
Avec plaisir. François.
François Doyon La Rochelle :
Avant de conclure l’épisode, comme promis, on a une surprise pour nos auditeurs. On a des billets pour le tournoi de tennis Omnium Banque Nationale à Montréal qu’on aimerait offrir. Les billets disponibles sont pour les séances de qualification du lundi 5 août à partir de 11h00. Donc, si vous êtes intéressé, veuillez nous envoyer un e-mail à sujetcapital@pwlcapital.com. C’est le premier arrivé, premier servi, alors dépêchez-vous, nous avons quatre paires de billets avec des laissez-passer de stationnement à distribuer.
Hé bien maintenant c’est tout pour ce 66ième épisode de Sujet Capital! Nous espérons que vous avez aimé.
N’hésitez pas à nous envoyer vos questions et suggestions. Vous pouvez nous joindre par courriel à: sujetcapital@pwlcapital.com
De plus, si vous aimez notre podcast, partagez-le avec votre famille et vos amis et si vous n'y êtes pas abonné, faites-le SVP.
Encore une fois, merci d’être à l’écoute et joignez-vous à nous pour notre prochain épisode à paraitre le 25 septembre, nous prenons une petite pause estivale. Entre temps n’oubliez pas de consulter le site Web de sujet capital pour voir nos derniers blogues.
A bientôt.