1)   INTRODUCTION:

François Doyon La Rochelle:

Bienvenue à Sujet Capital, un balado mensuel à propos de la gestion passive de portefeuille et de la planification financière et fiscale pour les investisseurs à long terme.

Vos hôtes pour ce balado sont James Parkyn et moi-même François Doyon La Rochelle, tous deux gestionnaires de portefeuilles avec PWL Capital.

Au programme aujourd’hui pour l’épisode #74 :

Nous ferons le point sur la volatilité actuelle des marchés et ensuite nous revisiterons la situation des FNB au Canada ainsi que le débat entre les fonds actifs et les fonds passifs. 

Bonne écoute!

2)   MISE À JOUR SUR LA VOLATILITÉ DES MARCHÉS ET RÉVISION DE LA GESTION ACTIVE PAR RAPPORT À LA GESTION PASSIVE

François Doyon La Rochelle :

Bonjour James, comment tu vas aujourd’hui ?

James Parkyn :

Très bien François, et toi ?

François Doyon La Rochelle :

Excellent, merci. Avant d’attaquer notre sujet principal aujourd’hui, on pense qu'il est important

de parler de la volatilité actuelle dans les marchés, déclenchée par les tarifs américains imposés à l’économie mondiale. James, qu’est-ce que tu aimerais partager avec nos auditeurs ?

James Parkyn :

François, c'est dans des moments comme ceux-ci que la plupart des investisseurs découvrent leur véritable tolérance au risque et à la volatilité des marchés financiers. Mais une chose reste certaine : lorsque l’on adopte une mentalité d'investisseur à long terme, les événements macroéconomiques à court terme ne devraient pas changer votre plan d’investissement. Ce que les investisseurs doivent garder en tête, c’est qu’ils n’ont aucun contrôle sur les marchés.

François Doyon La Rochelle :
On l’a dit plusieurs fois, vous ne pouvez pas prédire le comportement humain, mais vous pouvez contrôler vos propres émotions. On a aussi dit à plusieurs reprises dans notre podcast que c’est simple, mais ce n’est pas facile à faire. Ce que vous devez faire, c’est éliminer le bruit.

James Parkyn :

C’est à des moments comme ceux-ci qu’il est utile, François, de revoir quelques-unes des célèbres citations de Warren Buffet sur l'investissement.

François Doyon La Rochelle :
Eh bien, James, celle que je préfère dans un contexte comme celui-ci est : "les actions sont sûres à long terme mais vraiment dangereuses pour demain."

James Parkyn :
François, j’aimerais partager avec nos auditeurs quelque chose que j'ai récemment lu sur mon réseau LinkedIn. Ça a été publié par un leader d'opinion en investissement américain. Il a souligné qu'il existe trois types d'investisseurs lorsque les marchés sont volatils :

  • Le premier type d’investisseurs sont ceux qui réagissent aux grands titres, qui suivent le bruit de la presse financière et achètent généralement à des prix élevés et vendent à des prix bas. Leur plus grand avantage n'est pas l'information, mais savoir quelle information ignorer.

  • Le deuxième type d’investisseurs sont les victimes de la paralysie, qui sont paralysées par l'incertitude. Ils ratent l'occasion de profiter des prix plus bas sur les marchés. Ils n’investissent pas ou ne rééquilibrent pas leur portefeuille en fonction de leur plan d’investissement à long terme. Ils attendent ce qu’ils appellent "le bon moment pour acheter", c'est-à-dire quand ça paraîtra plus sûr.

  • Le troisième groupe, beaucoup plus petit, sont les opérateurs stratégiques. Comme Warren Buffet, ils comprennent que c'est dans ces moments-là que les fortunes se font. Ils ignorent le bruit et gèrent leurs émotions en restant fidèles à leur plan d'investissement à long terme.

François Doyon La Rochelle :
En effet, James, si les investisseurs ont un plan d'investissement à long terme bien réfléchi, ce qui est préférable pour eux en période d'incertitude, comme celle que nous vivons en ce moment, c’est de garder le cap.
Passons maintenant au sujet principal de ce podcast. On va faire une mise à jour sur le paysage des FNB ici au Canada et sur l’utilisation mondiale des fonds de détail gérés passivement. De plus, on va revoir, comme on l’a fait dans le passé, le rapport de Morningstar Active vs Passive Barometer pour les États-Unis et le rapport SPIVA Canada Scorecard de S&P Dow Jones Indices. Ces deux rapports mesurent le taux de réussite de la gestion active par rapport aux alternatives passives.

James Parkyn :
Il y a beaucoup à couvrir, François, alors par où veux-tu commencer ?

François Doyon La Rochelle :

Eh bien James, je vais commencer par une mise à jour sur le paysage des FNB au Canada et aborder ensuite les autres sujets.

James Parkyn :
D'accord, super, allons-y !

François Doyon La Rochelle :

Alors, comme le savent la plupart de nos auditeurs, la popularité et la croissance des FNB ont été extraordinaires ces dernières années. Selon les analystes de la Banque Nationale Marchés Financiers, les actifs dans les FNB cotés au Canada à la fin de l’année 2024 ont désormais dépassé la barre des 500 milliards de dollars pour atteindre 519 milliards de dollars d'actifs sous gestion. Ça représente un taux de croissance annuel moyen de 21 % au cours des 10 dernières années.

James Parkyn :
Wow, c’est vraiment impressionnant François. L’industrie a énormément progressé depuis qu’on a commencé à utiliser des FNB chez PWL au début des années 2000. À l'époque, je crois qu’il n'y avait que deux fournisseurs d'FNB au Canada avec seulement une poignée d'FNB cotés. Alors, où en est l’industrie des FNB maintenant ?

François Doyon La Rochelle :

Eh bien James, croies le ou non, il y a maintenant 1 497 FNB cotés au Canada et 45 fournisseurs d'FNB. Juste en 2024, 224 FNB ont été lancés et les FNB canadiens ont récolté 76 milliards de dollars de nouveaux actifs. Une année record en termes d’afflux de fonds.

James Parkyn :
François, la dernière fois qu’on a abordé ce sujet pour nos auditeurs, je crois que tu avais mentionné qu’un pourcentage élevé des FNB récemment lancés étaient des FNB actifs. Est-ce toujours le cas ?

François Doyon La Rochelle :

En effet, James, le nombre total d’FNB passifs n’a pas beaucoup changé depuis 2021, mais au cours des cinq dernières années, en moyenne, 119 FNB actifs ont été lancés chaque année au Canada. Ils représentent maintenant plus de la moitié (53 %) de tous les FNB canadiens et en termes d'actifs sous gestion, ils ont recueilli 161 milliards de dollars, ce qui représente 31 % du total des actifs dans les FNB canadiens, contre 25 % en 2021.

James Parkyn :
Cette statistique est inquiétante pour moi François. Je ne pense pas que la croissance des FNB actifs soit une bonne nouvelle pour les investisseurs canadiens. Récemment, je suis tombé sur un article de Morningstar intitulé “15 Funds That Have Lost the Most Value for Shareholders Over the Past Decade” ou en Français "15 Fonds Qui Ont Perdu Le Plus de Valeur pour les Investisseurs au Cours de la Dernière Décennie", et cet article montre clairement que certains types d’FNB sont de véritables destructeurs de richesse pour les investisseurs.

François Doyon La Rochelle :

Oui, James, j’ai lu cet article et parmi les 15 fonds qui ont détruit le plus de richesse pour les investisseurs au cours des 10 dernières années, 13 d’entre eux étaient des FNB. Ce ne sont pas des FNB de marché total, mais des FNB plus spécialisés, ceux qui incitent les investisseurs à transiger, à spéculer. Dans cette liste, on trouve des FNB à effet de levier et inverse, mais aussi des FNB actifs. Dans la catégorie des FNB actifs, les FNB de la firme ARK qui autrefois ont fait les manchettes et attiré d’énormes afflux de fonds en 2020 et 2021, sont maintenant listés comme étant la famille de fonds ayant détruit le plus de richesse au cours des 10 dernières années pour les investisseurs, avec des pertes d’environ 13,4 milliards de dollars US.

James Parkyn :
Eh bien, je suppose François, que certains investisseurs ne comprendront jamais. Les investisseurs réagissent à la performance passée, qui est souvent aléatoire, mais finalement, ils se brûlent. Comme le dit Morningstar, et je cite : "Les catégories volatiles et spéculatives, ainsi que les sociétés de fonds et les gestionnaires actifs qui attirent beaucoup de battage médiatique à court terme, doivent être évitées."

François Doyon La Rochelle :

Je ne pourrais pas être plus d’accord James. Il y a une autre citation dans l’article qui résume bien notre point de vue, et je cite : "Les FNB ont beaucoup d'atouts, y compris des frais bas, une efficacité fiscale et, typiquement, une approche d'investissement passive qui les rend adaptés pour des portefeuilles diversifiés, mais ils peuvent avoir un côté sombre. Par exemple, certains FNB se concentrent sur des secteurs ou des thèmes étroitement définis, ce qui peut les rendre plus difficiles à utiliser avec succès pour les investisseurs et peut attirer les spéculateurs." La bonne nouvelle, cependant, et je me réfère au rapport de la Banque Nationale Marchés Financiers que j’ai mentionné plus tôt, c’est que les FNB à faible coût qui répliquent des indices pondérés par la capitalisation boursière, continuent de dominer les flux de fonds au Canada, avec 29 milliards de dollars en 2024 sur les 76 milliards de dollars de nouveaux fonds.

James Parkyn :
Exactement, François, c’est une bonne nouvelle et ça va dans le sens du dernier rapport de notre ami et collègue Raymond Kerzerho, qui a souligné dans son rapport intitulé "Comparaison des fonds passifs et des fonds actifs" que les fonds passifs ont dominé les flux de capitaux et ont augmenté leur part de marché non seulement au Canada, mais dans le monde entier l'année dernière.

François Doyon La Rochelle :

C'est exact, James, selon son rapport, les fonds passifs ont attiré plus de nouveaux fonds que les fonds actifs au Canada, aux États-Unis et dans le reste du monde. Les fonds passifs au Canada ont désormais une part de marché proche de 20 %. Aux États-Unis, cette part a maintenant dépassé les 50 % pour atteindre 53 %, et dans le reste du monde, la part passive a atteint 30 %. À l’échelle mondiale, les fonds gérés passivement ont progressivement augmenté leur part de marché depuis 2015, et ils représentent désormais 43 %. Au cours des 10 dernières années, les fonds passifs ont attiré 8,7 trillions de dollars US, tandis que les fonds actifs ont enregistré des sorties nettes de 839 milliards de dollars US.

James Parkyn :
Ce qui est clair, c’est que le passif domine l'actif en termes de nouveaux fonds investis. Cependant, Raymond, dans son dernier rapport, met en garde contre la conclusion simpliste selon laquelle 43 % du marché est maintenant géré passivement. Voici une citation de son rapport : " même les portefeuilles contenant des fonds véritablement passifs sont souvent utilisés avec une approche active, basée sur des vues « tactiques ». De nombreux investisseurs individuels et conseillers financiers ne peuvent résister à la tentation de la synchronisation du marché, aussi stérile cette approche soit-elle. Quelqu’un qui détient des fonds passifs n’est pas nécessairement un investisseur qui applique la méthode passive. "

François Doyon La Rochelle :

Effectivement James, on en a parlé plusieurs fois par le passé, et le podcast #68 était exactement sur ce sujet, lorsque nous avons examiné le rapport Morningstar 2024 "Mind the Gap". Un rapport qu’on pourrait peut-être revoir cette année.

James Parkyn :
Eh bien François, je pense que nos auditeurs savent qu’on n’est pas fans du timing de marché et de la gestion active, et je pense que les derniers rapports de Morningstar Active vs Passive Barometer pour les États-Unis et le SPIVA Canada Scorecard de S&P Dow Jones Indices soutiennent notre point de vue selon lequel détenir des fonds gérés passivement avec une mentalité d'investisseur buy-and-hold est la meilleure stratégie.

François Doyon La Rochelle :

Exact, et les résultats sont encore assez convaincants cette année. En regardant le rapport SPIVA Canada qui mesure la performance des fonds gérés activement par rapport aux indices de référence ou repères respectifs, 2024 a encore été une année difficile pour la gestion active au Canada.

James Parkyn :
En effet, François, dans toutes les catégories de fonds couvertes par le rapport, une moyenne de plus de 80 % des fonds actifs ont sous-performé leurs indices de référence l’année dernière. Les fonds d'actions internationales ont connu la plus faible sous-performance sur 1 an, avec près de 72 % d'entre eux sous-performant leur indice, et les fonds d'actions à dividendes et de revenu ont été les pires avec près de 96 % d'entre eux sous-performant.

François Doyon La Rochelle :

Je suis toujours étonné de voir ces niveaux de sous-performance, surtout quand on sait que les taux de sous-performance sont généralement plus élevés à mesure que l'horizon temporel augmente.

James Parkyn :
François, à ce sujet, au cours des 10 dernières années, une moyenne de 93 % des fonds actifs ont sous-performé leurs indices de référence. La catégorie de fonds avec la meilleure performance était les actions à petites et moyennes capitalisations canadiennes, malheureusement, avec 82 % des gestionnaires sous-performant leur indice. La pire catégorie était les fonds internationaux mais concentrés à 50 % en actions canadiennes. 100 % des fonds actifs ont sous-performé leurs indices de référence.

François Doyon La Rochelle :

Pour être juste envers les gestionnaires actifs, James, lorsqu’on examine la performance des fonds actifs par rapport à leurs indices de référence, on doit reconnaître que ces indices de référence ne sont pas investissables sans encourir des frais.

James Parkyn :
Je suis totalement d’accord avec toi, François, mais les sous-performances dans certaines catégories de fonds ne peuvent pas être expliquées seulement par la différence des frais. Par exemple, les fonds qui ont pour indice de référence l'indice S&P/TSX Composite ont sous-performé l'indice de 4 points de pourcentage l'année dernière, et les fonds qui ont pour indice de référence l'indice S&P Mondial ont sous-performé l'indice de 9 points de pourcentage. Les gestionnaires actifs dans la catégorie S&P Mondial ont laissé 1/3 de la performance sur la table l'année dernière, l'indice ayant généré 30 %.

François Doyon La Rochelle :

Comment est-ce qu’on explique ces mauvais rendements, James ?

James Parkyn :
Eh bien, le rapport SPIVA souligne qu’une minorité d’actions ont généré la majorité des gains, et que moins de la moitié des constituants ont battu leur indice de référence dans toutes les catégories de fonds l’année dernière. Ceci explique pourquoi en grande partie les gestionnaires actifs ont sous-performé avec des mauvais choix d'actions.

François Doyon La Rochelle :

C’est la même raison que l’année dernière, si vous n’avez pas les bonnes actions dans votre portefeuille, vous allez sous-performer les indices. Nos auditeurs doivent se souvenir qu'à long terme, seules quelques actions génèrent la majorité des rendements sur les marchés boursiers.

James Parkyn :
On va maintenant regarder les résultats aux États-Unis. Pour ça, on va utiliser le rapport Morningstar U.S. Active vs Passive Barometer. La méthodologie de Morningstar est différente de celle du rapport S&P SPIVA. Morningstar mesure la performance des fonds actifs par rapport à leurs homologues passifs, nets de frais. Je crois que ça donne une comparaison plus juste.

François Doyon La Rochelle :

Les résultats du rapport Morningstar montrent une fois de plus que les fonds communs de placement actifs et les FNB ont sous-performé leurs homologues passifs l'année dernière. Comme en 2023, le taux de réussite moyen des gestionnaires actifs n’a été que de 47 %. Ça veut dire que, parmi les 20 catégories de fonds, en moyenne, seulement 47 % des gestionnaires actifs ont pu battre leurs homologues passifs. Sur dix ans, moins de 22 % des stratégies actives ont survécu et battu leurs contreparties passives. De plus, comme dans les rapports précédents, si vous augmentez l'horizon temporel à 15 ou 20 ans, les taux de réussite des gestionnaires actifs baissent encore davantage. La seule bonne nouvelle que je vois pour les investisseurs qui croient encore que la gestion active est supérieure à la gestion passive est de choisir des fonds dans le quintile le moins cher, car leur taux de réussite est 11 points de pourcentage plus élevé que celui des fonds les plus chers. Cependant, le taux de réussite après 10 ans reste faible à seulement 28 %.

James Parkyn :
François, je pense qu’on a tout couvert ce qu’on voulait partager avec nos auditeurs. Pour conclure, je vais encore citer le rapport de notre collègue Raymond : " Les fonds passifs offrent des avantages avec lesquels les fonds actifs peuvent difficilement rivaliser, notamment des frais de gestion et des coûts de transaction moins élevés, des rendements régulièrement supérieurs, la transparence, l’efficacité fiscale et la tranquillité d’esprit des investisseurs. »

3)   CONCLUSION

François Doyon La Rochelle:

Merci James Parkyn d’avoir partagé ton expertise et ton savoir aujourd’hui.

James Parkyn:

C’est un plaisir, François.

François Doyon La Rochelle:

Hé bien c’est tout pour ce 74ième épisode de Sujet Capital!  Nous espérons que vous avez aimé.

N’hésitez pas à nous envoyer vos questions et suggestions. Vous pouvez nous joindre par courriel à: sujetcapital@pwlcapital.com

Également, si vous souhaitez notre expertise dans la gestion de vos actifs, vous pouvez nous joindre en cliquant sur le bouton contactez-nous qui se trouve sur la page d’accueil de sujet capital et sur toutes nos publications.

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Encore une fois, merci d’être à l’écoute et joignez-vous à nous pour notre prochain épisode à paraitre le 14 mai. N’oubliez pas de consulter le site Web de sujet capital pour voir nos derniers blogues.

A bientôt.